C’est spontanément que j’ai parlé du viol que j’avais subi. C’était spécial car j’avais évacué ce souvenir et fini par me persuader que cela n’était pas arrivé. Avant d’arriver à La Fontanelle, j’avais le cerveau embrouillé. J’étais toujours en colère et cachais tout derrière ma fureur. On aurait dit que je ne pouvais plus réfléchir. Je ne faisais presque pas la différence entre le bien et le mal. Au début, je me rappelle m’être dit que cela n’était pas un viol car je m’étais laissée faire. Comme je n’avais pas osé m’opposer, j’avais intégré, contre mon gré, que ce n’était pas une agression sexuelle. je sais aujourd’hui que cette pensée est fausse ! J’étais juste en état de choc et j’ai réagis comme j’ai pu.
Le placement m’a permis de me poser gentiment. Toute ma colère a commencé à diminuer. Alors que nous étions en camp, j’ai eu tout à coup des flashs du viol qui me sont revenus. Je n’ai plus pu faire comme si cela n’était pas arrivé.
J’ai confié cette histoire à une éducatrice que j’appréciais beaucoup, durant un camp. Le fait de me retrouver à marcher, un peu face à moi-même, m’a permis de me recentrer. J’étais posée, paisible et c’est comme si le voile se levait gentiment. Nous étions assises pour notre entretien de référence et je lui ai dit «il faut que je te dise un truc qui m’est arrivé...» Je ne m’étais pas préparée, c’est sorti d’un coup. Je me rappelle avoir pleuré et m’être sentie soulagée. J’étais bien.
De retour au foyer, j’ai été reçue en entretien par la responsable et mon éducatrice référente. Elles m’ont dit qu’elles avaient été informées de la situation. Elles m’ont aussi expliqué qu’elles étaient dans l’obligation de faire une dénonciation et d’informer mes parents car il s’agissait d’un délit punissable à l’encontre d’une mineure. Sur le moment, j’ai paniqué! J’ai mal vécu cet échange, c’était comme une trahison. Je me voyais déjà à la police, comme dans les films, où on me forçerait à parler. Je pensais que les policiers ne me laisseraient pas quitter le poste tant que je n’aurai pas tout dit.
Dans la réalité, les choses se sont passées un peu différemment. L’éducatrice à qui j’avais confié cette histoire a pu m’accompagner au poste de police. Même si elle n’a pas pris la parole à ce moment, elle était là, et sa présence a été un soutien. C’était dur car les policiers ont posé des questions supers précises et voulaient beaucoup de détails. J’ai dit ce que je pouvais mais j’ai gardé des informations permettant d’identifier l’homme en question pour me protéger. J’avais trop peur des représailles. Je suis contente d’avoir déposé cela à La Fontanelle où je n’étais que de passage.
Cette loi qui oblige les adultes à dénoncer est à double tranchant. Je ne l’aime pas car je trouve qu’on devrait laisser le choix à la fille de porter plainte ou pas. C’est horrible pour la victime d’être obligée de se replonger dans une histoire glauque et de devoir fournir plein de détails ! En fait du moment que tu en parles, tu ne contrôles plus rien! Le côté positif, c’est que cela peut aider les gens qui aimeraient déposer leur fardeau mais n’en ressentent pas la force. Ils peuvent recevoir du soutien, être accompagnés.
Quand ma référente m’a dit qu’on devait le dire à mes parents, je ne voulais pas! J’avais très peur. Peur de mettre des mots sur ce secret, peur de leur réaction. Heureusement, nous avons pu échanger sur la meilleure manière de le faire. Finalement, le sujet a été évoqué entre adultes lors d’une synthèse au foyer. J’ai demandé à ne pas être là au moment de l’annonce, car je n’étais pas prête à faire face à la réaction de mes parents. Je me rappelle être rentrée dans la salle dans un deuxième temps. Ma maman s’efforçait de garder le sourire et moi aussi, puis nous nous sommes décomposées à peu près en même temps. Mon père ne disait rien mais avait les larmes aux yeux. J’ai vraiment compris que les éducatrices n’avaient pas le choix et j’ai finalement accepté. Le fait qu’on me demande quelle manière était la meilleure pour moi m’a aidée. Avec le recul, je suis soulagée que mes parents le sachent car je n’ai plus de secret à porter vis-à-vis d’eux.
Finalement, toute cette histoire m’a plutôt rapprochée des adultes au foyer. Si je devais refaire les choses, je referais tout pareil. Sur le moment ça a été une épreuve difficile, mais je me suis sentie soutenue, vraiment!
Le placement m’a permis de me poser gentiment. Toute ma colère a commencé à diminuer. Alors que nous étions en camp, j’ai eu tout à coup des flashs du viol qui me sont revenus. Je n’ai plus pu faire comme si cela n’était pas arrivé.
J’ai confié cette histoire à une éducatrice que j’appréciais beaucoup, durant un camp. Le fait de me retrouver à marcher, un peu face à moi-même, m’a permis de me recentrer. J’étais posée, paisible et c’est comme si le voile se levait gentiment. Nous étions assises pour notre entretien de référence et je lui ai dit «il faut que je te dise un truc qui m’est arrivé...» Je ne m’étais pas préparée, c’est sorti d’un coup. Je me rappelle avoir pleuré et m’être sentie soulagée. J’étais bien.
De retour au foyer, j’ai été reçue en entretien par la responsable et mon éducatrice référente. Elles m’ont dit qu’elles avaient été informées de la situation. Elles m’ont aussi expliqué qu’elles étaient dans l’obligation de faire une dénonciation et d’informer mes parents car il s’agissait d’un délit punissable à l’encontre d’une mineure. Sur le moment, j’ai paniqué! J’ai mal vécu cet échange, c’était comme une trahison. Je me voyais déjà à la police, comme dans les films, où on me forçerait à parler. Je pensais que les policiers ne me laisseraient pas quitter le poste tant que je n’aurai pas tout dit.
Dans la réalité, les choses se sont passées un peu différemment. L’éducatrice à qui j’avais confié cette histoire a pu m’accompagner au poste de police. Même si elle n’a pas pris la parole à ce moment, elle était là, et sa présence a été un soutien. C’était dur car les policiers ont posé des questions supers précises et voulaient beaucoup de détails. J’ai dit ce que je pouvais mais j’ai gardé des informations permettant d’identifier l’homme en question pour me protéger. J’avais trop peur des représailles. Je suis contente d’avoir déposé cela à La Fontanelle où je n’étais que de passage.
Cette loi qui oblige les adultes à dénoncer est à double tranchant. Je ne l’aime pas car je trouve qu’on devrait laisser le choix à la fille de porter plainte ou pas. C’est horrible pour la victime d’être obligée de se replonger dans une histoire glauque et de devoir fournir plein de détails ! En fait du moment que tu en parles, tu ne contrôles plus rien! Le côté positif, c’est que cela peut aider les gens qui aimeraient déposer leur fardeau mais n’en ressentent pas la force. Ils peuvent recevoir du soutien, être accompagnés.
Quand ma référente m’a dit qu’on devait le dire à mes parents, je ne voulais pas! J’avais très peur. Peur de mettre des mots sur ce secret, peur de leur réaction. Heureusement, nous avons pu échanger sur la meilleure manière de le faire. Finalement, le sujet a été évoqué entre adultes lors d’une synthèse au foyer. J’ai demandé à ne pas être là au moment de l’annonce, car je n’étais pas prête à faire face à la réaction de mes parents. Je me rappelle être rentrée dans la salle dans un deuxième temps. Ma maman s’efforçait de garder le sourire et moi aussi, puis nous nous sommes décomposées à peu près en même temps. Mon père ne disait rien mais avait les larmes aux yeux. J’ai vraiment compris que les éducatrices n’avaient pas le choix et j’ai finalement accepté. Le fait qu’on me demande quelle manière était la meilleure pour moi m’a aidée. Avec le recul, je suis soulagée que mes parents le sachent car je n’ai plus de secret à porter vis-à-vis d’eux.
Finalement, toute cette histoire m’a plutôt rapprochée des adultes au foyer. Si je devais refaire les choses, je referais tout pareil. Sur le moment ça a été une épreuve difficile, mais je me suis sentie soutenue, vraiment!
Propos recueillis par Jessica Fiora
*Prénom d'emprunt
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