Edito paru dans l'Echo de août 2020
« Résultat négatif » m’informe le médecin qui venait de tester un de nos jeunes quelques heures plus tôt. « Heureusement, car sinon, nous aurions passé une vilaine soirée … » me dit-il encore. J’ai réalisé alors que nous avions frôlé le séisme, évitant de devenir pareils à des parias montrés du doigt et mis au ban de la société. En cette fin de mois de juin, nous terminions justement les préparatifs d’une expédition à laquelle devait participer tout le foyer et un cas positif nous aurait obligés à traverser une épreuve très difficile.
Mi-mars 2020, alors que le confinement venait d’être décidé, nous avons annoncé aux jeunes qu’ils devaient rester au foyer pour les cinq prochaines semaines au moins. Cela entraina un véritable raz de marée de protestations. L’équipe éducative présente ce lundi noir dû subir des comportements provocants et inquiétants, comme ces jeunes qui s’approchaient exprès de leurs visages pour parler tout en postillonnant. La séance de travail qui suivit fut pour le moins anxiogène, car les images de corps intubés en Italie accaparaient tous les esprits. La connaissance du mode de contamination du Coronavirus était encore balbutiante et, sans matériel de protection, épuisé à l’époque, on pouvait imaginer le pire. Au loin résonnait le grondement de l’armée convoquant ses soldats…
Peuplées d’incertitudes, les semaines qui succédèrent durent être consacrées à la gestion de la crise : collaboration avec les autorités cantonales, information aux familles, implication des parents afin de les associer à nos stratégies et si possible en faire des partenaires, modification complète des horaires des équipes pour limiter le risque de contagion, recherche d’un équilibre pragmatique entre les exigences sanitaires et les besoins éducatifs, malheureusement antagonistes...
Nous sortons sans dommage de cette crise, bien qu’étourdi·e·s par le basculement soudain des priorités, comme beaucoup de gens à travers le monde. Nous pensions faire un sprint, mais il s’avère de plus en plus que nous participons à un marathon qui demandera de la sagesse, de la persévérance et de la créativité. Dédier une édition à cette expérience unique s’est imposé comme une nécessité, pour informer, pour se souvenir aussi. Nous vous remercions de nous lire et vous souhaitons une bonne santé, quoiqu’il arrive.
André Burgdorfer, directeur
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