Frédéric Favre, La Fontanelle vous a invité à animer un atelier à l’occasion de la réflexion menée au foyer garçons sur le thème de la masculinité et vous avez généreusement accepté. Les échanges – francs et intenses – ont été très appréciés par les participants.
Qu’est-ce qui vous a incité à accepter notre invitation ?
J’ai eu envie de dire à ces jeunes qu’à titre personnel, je suis perdu sur ces questions de genre, sur ce qu’on attend de moi en tant qu’homme. Dois-je agir ou pas ? Ai-je encore le droit de séduire au risque d’être vu comme un agresseur ? Ai-je le devoir d'être galant avec les femmes, au risque qu’on me fasse grief de les inférioriser ? Dois-je être un père ferme, et en même temps très présent à la maison ?
Comment avez-vous abordé le sujet ?
Nous avons essayé ensemble de mettre un peu d’ordre dans toutes ces questions au cours d’un atelier de réflexion et d’écriture. Il s’agissait de mieux comprendre la construction de l’identité pour se libérer des déterminismes psycho-sociologiques à l’aide de la philosophie, de l'analyse d’images et de l’écriture créative. Au-delà des critères biologiques, également remis en question aujourd’hui, la question du genre semble être en redéfinition permanente. Le masculin se détermine de plus en plus en fonction du féminin et vice-versa. L’objectif n’est pas de remplacer le patriarcat par une forme de matriarcat, mais par de l’égalité et de la solidarité.
Quel modèle masculin peut encore inspirer les jeunes garçons?
Les modèles masculins du passé demeurent forts au présent. Les mythes et stéréotypes ont une énorme influence sur notre manière de définir nos identités. La Rochefoucauld se demandait par exemple combien d’hommes auraient songé à tomber amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour. On peut radicaliser cette boutade et répondre : pas un seul.
La métaphysique occidentale traditionnelle s'est forgée par dichotomie, comme si toute chose n'existait que par son contraire (blanc/noir, haut/bas, corps/esprit, masculin/féminin, etc.). Cette perspective rationnelle impose une vision dualiste figée. Pourtant le monde n'est que fluidité et mouvement. Les oppositions rationnelles tranchées s'accordent mal avec cette réalité tout en nuances. Nous devons échapper à tout jugement de valeur voulant que dans une opposition, un des deux termes soit supérieur à l'autre. Sans intérieur, l'extérieur n'aurait pas de sens ; sans sujet, pas d'objet compréhensible ; sans le vide, le plein ne veut rien dire. La signification d'un terme ne se comprend qu'à partir d'un autre dont il se distingue, mais n’est jamais fixée définitivement dans une hiérarchie. Les questions d’identité passent par la culture, et à notre époque, principalement par l’image diffusée dans les médias, les réseaux sociaux ou les jeux vidéo.
Je pense que des modèles non-stéréotypés d’hommes, n’ayant pas peur de montrer ses failles, d’être sensible sans ridicule, affrontant ses doutes, peut inspirer les garçons. Le modèle du Conan le Barbare a fait son temps.
Comment s’est passé cet atelier?
Pour moi c’était un challenge de me confronter à un public nouveau, de satisfaire les attentes de ces jeunes, de les prendre au sérieux, de les rencontrer vraiment. Je peux dire que je n’ai pas été déçu! Ils ont été très attentifs et très généreux dans leur participation, en particulier dans la partie «atelier d’écriture» de la matinée, où ils ont écrit et parlé avec leurs tripes et ont eu le courage de le partager avec les autres.
Votre expertise est venue enrichir cette réflexion. Qu’en retenir ?
J’ai attaché de l’importance à passer par l’analyse de l’image, des signes, de la construction du genre parce qu’il faut être conscient des mécanismes qui nous influencent pour pouvoir s’en libérer. Il s’agit de prendre ce qu’on veut de la culture et laisser ce qu’on ne veut pas, de s’émanciper des déterminismes psycho-sociaux et culturels, des injonctions que la culture dominante nous donne (sois un homme mon fils, ne pleure pas…) et de se Libérer. Il faut avant tout définir sa propre identité, unique et intrinsèque, faite de choix assumés. Car en définitive, qu’on soit né masculin ou féminin, on est avant tout humain, et on porte en nous des caractéristiques Yin et Yang. Se trouver soi-même aide à aller vers l’AUTRE.
L’ingrédient que je partagerais pour enrichir la réflexion, plus que la parole, c’est l’écoute. L’écoute de l’autre, mais aussi de soi-même. Pour cela, il faut du calme, du temps et du silence.
Alors… silencio!
Qu’est-ce qui vous a incité à accepter notre invitation ?
J’ai eu envie de dire à ces jeunes qu’à titre personnel, je suis perdu sur ces questions de genre, sur ce qu’on attend de moi en tant qu’homme. Dois-je agir ou pas ? Ai-je encore le droit de séduire au risque d’être vu comme un agresseur ? Ai-je le devoir d'être galant avec les femmes, au risque qu’on me fasse grief de les inférioriser ? Dois-je être un père ferme, et en même temps très présent à la maison ?
Comment avez-vous abordé le sujet ?
Nous avons essayé ensemble de mettre un peu d’ordre dans toutes ces questions au cours d’un atelier de réflexion et d’écriture. Il s’agissait de mieux comprendre la construction de l’identité pour se libérer des déterminismes psycho-sociologiques à l’aide de la philosophie, de l'analyse d’images et de l’écriture créative. Au-delà des critères biologiques, également remis en question aujourd’hui, la question du genre semble être en redéfinition permanente. Le masculin se détermine de plus en plus en fonction du féminin et vice-versa. L’objectif n’est pas de remplacer le patriarcat par une forme de matriarcat, mais par de l’égalité et de la solidarité.
Quel modèle masculin peut encore inspirer les jeunes garçons?
Les modèles masculins du passé demeurent forts au présent. Les mythes et stéréotypes ont une énorme influence sur notre manière de définir nos identités. La Rochefoucauld se demandait par exemple combien d’hommes auraient songé à tomber amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour. On peut radicaliser cette boutade et répondre : pas un seul.
La métaphysique occidentale traditionnelle s'est forgée par dichotomie, comme si toute chose n'existait que par son contraire (blanc/noir, haut/bas, corps/esprit, masculin/féminin, etc.). Cette perspective rationnelle impose une vision dualiste figée. Pourtant le monde n'est que fluidité et mouvement. Les oppositions rationnelles tranchées s'accordent mal avec cette réalité tout en nuances. Nous devons échapper à tout jugement de valeur voulant que dans une opposition, un des deux termes soit supérieur à l'autre. Sans intérieur, l'extérieur n'aurait pas de sens ; sans sujet, pas d'objet compréhensible ; sans le vide, le plein ne veut rien dire. La signification d'un terme ne se comprend qu'à partir d'un autre dont il se distingue, mais n’est jamais fixée définitivement dans une hiérarchie. Les questions d’identité passent par la culture, et à notre époque, principalement par l’image diffusée dans les médias, les réseaux sociaux ou les jeux vidéo.
Je pense que des modèles non-stéréotypés d’hommes, n’ayant pas peur de montrer ses failles, d’être sensible sans ridicule, affrontant ses doutes, peut inspirer les garçons. Le modèle du Conan le Barbare a fait son temps.
Comment s’est passé cet atelier?
Pour moi c’était un challenge de me confronter à un public nouveau, de satisfaire les attentes de ces jeunes, de les prendre au sérieux, de les rencontrer vraiment. Je peux dire que je n’ai pas été déçu! Ils ont été très attentifs et très généreux dans leur participation, en particulier dans la partie «atelier d’écriture» de la matinée, où ils ont écrit et parlé avec leurs tripes et ont eu le courage de le partager avec les autres.
Votre expertise est venue enrichir cette réflexion. Qu’en retenir ?
J’ai attaché de l’importance à passer par l’analyse de l’image, des signes, de la construction du genre parce qu’il faut être conscient des mécanismes qui nous influencent pour pouvoir s’en libérer. Il s’agit de prendre ce qu’on veut de la culture et laisser ce qu’on ne veut pas, de s’émanciper des déterminismes psycho-sociaux et culturels, des injonctions que la culture dominante nous donne (sois un homme mon fils, ne pleure pas…) et de se Libérer. Il faut avant tout définir sa propre identité, unique et intrinsèque, faite de choix assumés. Car en définitive, qu’on soit né masculin ou féminin, on est avant tout humain, et on porte en nous des caractéristiques Yin et Yang. Se trouver soi-même aide à aller vers l’AUTRE.
L’ingrédient que je partagerais pour enrichir la réflexion, plus que la parole, c’est l’écoute. L’écoute de l’autre, mais aussi de soi-même. Pour cela, il faut du calme, du temps et du silence.
Alors… silencio!
Propos recueillis par Anne Kleiner