Beaucoup d’hommes sont projetés au rang d’apprenants, car le modèle traditionnel masculin est questionné par la société. La Fontanelle a choisi d’ouvrir le dialogue sur le sujet avec les adolescents accueillis à La Fontanelle, avec humilité et dans le respect des points de vue. Des débats internes et plusieurs ateliers animés par des spécialistes externes ont été organisés durant une période de quatre mois. Nous vous livrons ici le témoignage d’un jeune qui y a participé.

Ethan, 16 ans

Comment te sens-tu d’être un homme ?
J’aime bien, je peux assumer des responsabilités. Je suis content de l’être. Je me satisfais de ce rôle.

Pour toi, un homme c’est quoi ?
Un homme parfait doit avoir un peu de tout, un côté féminin et un côté masculin - plus prononcé - pour pouvoir tout gérer. Pour moi, un homme a des responsabilités, mais cela dépend de chacun. J’ai grandi sous l’influence des stéréotypes de genre : un homme, c’est grand, fort, ça a des muscles, ça sait gérer l’argent à la maison, ça travaille, ça protège. Mon père travaillait, ma mère était à la maison ; mon père se voit comme le pilier de la famille, le chef. Cela ne me gêne pas, mais je vois que cela change et je suis ouvert….

Quelle image as-tu de toi ?
Je suis un garçon qui ne sait pas trop ce qu’il veut dans la vie, qui n’a pas trop d’objectifs, je ne veux pas trop d’embrouilles. Il y a 3 ans, je n’aurais jamais dit que j’irai dans un foyer. Mais tout n’est pas écrit.

As-tu un modèle d’homme ?
J’aimerais rapper comme RK. Il a une bonne mentalité. Mais si on prend l’homme, on prend tous ses défauts aussi… Du coup, je préfèrerais être plein de gens différents.

Te sens-tu libre d’être l’homme que tu veux, à la maison, au foyer, avec tes amis, avec les filles ?
Non je ne me sens pas libre. Plein de fois, on m’a demandé si j’étais gay ou trans, mais j’aime pas les cases, il faut être un peu des deux pour être parfait. Je ne me mets pas de pression par rapport à cela, je veux surtout être moi-même. Je me sens homme, mais je ne veux pas me plier à toutes ces règles.

Ressens-tu de la pression extérieure parce que tu es un homme ?
Je la ressens par moment, mais je ne calcule pas, au final je fais comme je veux. J’ai des automatismes plutôt féminins, croiser les jambes à table par exemple, c’est un réflexe, mais je me dis parfois que je ne devrais pas le faire. Ça me dérange un peu, c’est pesant à la longue, mais je fais avec.

Te sens-tu obligé d’agir d’une certaine façon parce que tu es un homme ?
Non pas vraiment…. Si on attend quelque chose de moi, si c’est bien, je le ferai par respect, si c’est mal je m’en fous.

Quel est ton rapport à la parentalité ?
Je veux être mon père, mais en amélioré, j’aimerais faire encore mieux, faire ce que j’aurais aimé que l’on me fasse … et à l’inverse, j’aimerais éviter les manques que j’ai eus.  
Propos recueillis par Joanna Vanay
* prénoms fictifs