Roland s’en va prendre une retraite bien méritée
Arrivé il y a vingt-sept ans à La Fontanelle, Roland Abbet a pris la responsabilité de l’entreprise sociale et développé l’atelier bois ainsi que les travaux manuels proposés aux résidents. C’était en 1993. Il avait alors à cœur de s’engager pour la formation des jeunes. Il a donné sans compter dans cette mission et permis à plus de cinq cents adolescents de prendre confiance dans leurs capacités. Autant dire que son départ à la retraite, prévu pour fin décembre, sera un passage difficile et émouvant pour toutes et tous.
Roland, tu fais partie des piliers de La Fontanelle, quelle est ta mission ?
Mon rôle consiste à accompagner les jeunes dans l’exécution de travaux manuels. Je les forme aux différentes techniques de la construction, les encadre dans leur organisation et les motive lorsque l’envie n’est pas au rendez-vous. J’ai beaucoup aimé travailler aux côtés de ces garçons, collaborer à trouver des solutions et les aider à développer de nouvelles compétences.
Comment les activités proposées sont-elles accueillies par les jeunes ?
Ce n’est généralement pas facile pour eux. Ils doivent s’adapter à un rythme inhabituel, sont contraints à se lever tôt, doivent s’astreindre à suivre des ordres alors que ce n’est pas du tout dans leurs habitudes. Ils viennent au travail et je suis leur patron. Je pratique systématiquement le vouvoiement pour les aider à respecter le cadre fixé. Ils ont surtout du mal en début de placement, puis comprennent peu à peu ce qu’ils peuvent retirer de l’expérience.
As-tu observé des changements au cours de toutes ces années ?
Les adolescents sont complètement différents, moins dans l’affrontement, mais plus fragiles. Aujourd’hui, le jeune en difficulté n’est plus considéré comme le coupable qui doit changer, mais comme l’acteur d’un système qui n’a pas fonctionné. L’approche éducative de notre institution a d’ailleurs été marquée par ce changement, notamment avec l’ouverture d’antennes hors murs qui nous permettent de faire un travail rapproché avec les parents.
On te sent passionné. Un pincement au cœur à l’idée de ce prochain départ ?
Oui, certainement. J’apprécie la richesse des échanges, aussi bien avec les jeunes qu’avec les éducateurs et éducatrices. Nous travaillons dans le respect et la confiance mutuelle. J’ai aussi pu mener de beaux projets comme la rénovation de notre bâtiment à Saint-Maurice ou l’organisation de camps humanitaires, notamment celui organisé dans le village de Dom en Albanie, où nous avons restauré une école.
Propos recueillis par Anne Kleiner