Avant-propos paru dans le rapport d'activité 2014
Du mercure dans votre terrain ?
Enfants et adolescents ont cette fabuleuse capacité à éponger ce qui se trouve dans leur environnement. Inconsciemment, ils absorbent les attitudes des personnes qui les entourent, le langage, le mode relationnel, les valeurs et bien d’autres choses encore.
Si cette aptitude est une force indéniable pour s’adapter et grandir, elle a le défaut de ne pas différencier les bonnes des mauvaises influences, comme un terrain qui s’enrichit ou est contaminé par les produits avec lesquels il entre en contact. Travailler la surface pour qu’elle soit fertile représente déjà un labeur considérable, car la dureté du terrain, son imperméabilité ou son inaccessibilité peuvent décourager les plus persévérants. Lorsqu’il s’agit d’atteindre les couches profondes pour séparer les richesses des fragilités, l’investissement et la persévérance demandés sont plus importants encore.
Y a-t-il urgence ? Pourquoi s’évertuer à le faire à cette période de l’adolescence ? Parce que, comme le montrent les recherches sur le cerveau, de multiples connexions neuronales se reconstruisent à cette période pour préparer le jeune homme ou la jeune femme à sa vie d’adulte. La saison de vie durant laquelle le champ se prête à un travail en profondeur est donc relativement courte. A cet âge, une habitude, une dépendance par exemple, peut être présente et active, mais elle n’est pas encore solidement ancrée à la personnalité. Plus tard, ces ancrages sont cimentés et des moyens plus importants sont nécessaires pour les arracher.
Nous sommes conscients que les besoins de la collectivité sont gigantesques et qu’il est difficile d’établir des priorités dans les engagements. La jeunesse, avec ses comportements provocateurs, inconstants ou fuyants, ne suscite pas toujours la sympathie, mais notre expérience nous a montré qu’investir dans ce moment-clé du développement de l’être humain profite aussi bien à la personne concernée qu’à l’ensemble de la société.