Retour sur la conférence du 16 novembre 2023
Internet a révolutionné nos vies, pour le meilleur et pour le pire. Omniprésents à l’adolescence, les écrans ont tendance à s’imposer dès l’enfance déjà, notamment dans un objectif de géolocalisation qui rassure les parents. Par leur capacité à stimuler plusieurs de nos sens, les médias digitaux sont très attractifs et l’effort demandé au cerveau pour s’en détacher est important. Ni l’enfant ni l’adolescent-e n’ont la maturité physiologique nécessaire pour résister naturellement à cette attractivité. Il s’agit d’apprendre à gérer ce nouvel environnement digital. Invité par La Fontanelle à donner une conférence sur le sujet, Niel Weber, psychologue, psychothérapeute FSP et spécialiste dans les questions d’hyperconnectivité, a livré quelques alternatives pour encadrer ce phénomène. Synthèse de son propos.
En préambule, Niels Weber invite à différencier l’envie et le besoin. L’enfant a envie de médias numériques, mais n’en a pas besoin. Il accède aux jeux vidéo ou dessins animés sur YouTube sous l’impulsion de l’adulte, qui, par contre, assouvit un besoin, par exemple de tranquillité. L’attractivité de l’offre donne envie à l’enfant de consommer, mais le temps passé sur les écrans le prive d’autres apprentissages indispensables à son équilibre. Il déconseille également au parent d’utiliser les dispositifs numériques pour géolocaliser sa progéniture. Cela prive l’enfant d’espaces pour développer son autonomie et des compétences d’émancipation indispensables à sa vie future. Il exhorte plutôt à discuter sur ce qui inquiète et à négocier des solutions ensemble.
Pour progresser vers l’autonomie, enfants et adolescent-es ont besoin d’incitations les poussant à intégrer de nouvelles compétences et les activités numériques n’y contribuent que modérément. Celles-ci sont très attractives, sous l’effet d’algorithmes qui identifient ce qu’on aime consulter et rendent l’acte de s’en détacher déplaisant. Elles stimulent nos sens et génèrent des émotions difficiles à contrôler par l’adulte, et encore davantage par l’enfants et l’adolescent-e physiologiquement insuffisamment matures pour y parvenir. Cela doit amener l’adulte à exercer son rôle d’éducation en accompagnant et aidant à canaliser ce flot d’émotions. Il ne s’agit pas de les priver des médias numériques qui font désormais partie des outils qui leur permettent d’apprendre, de se distraire et de construire du lien social, mais plutôt de les gérer au quotidien.
À propos des revendications des adolescent-es, il relève que les caractéristiques liées à cette période de la vie sont inchangées. Comme à toutes les époques, les jeunes revendiquent la liberté de faire, de choisir et de passer du temps avec leurs paires. Elles et ils exercent ces revendications à travers les outils digitaux qui sont un moyen pour répondre à leurs aspirations d’appartenir à un groupe et de s’autonomiser. Toutefois, cette nouvelle manière d’interagir n’est pas exhaustive et ne satisfait que partiellement à leurs besoins. Leur attention doit également se concentrer sur d’autres apprentissages, par exemple scolaires, professionnels ou de vivre ensemble. Face à l’attractivité des écrans, les adultes jouent donc un rôle essentiel d’accompagnement pour aider les jeunes à vivre des temps sans smartphone ni jeux vidéo, non pas en raison d’une prétendue nocivité, mais parce qu’ils captent trop de leur temps et de leur attention au détriment d’autres acquisitions.
Pour aider à poser un cadre, Niels Weber suggère de renoncer à s’appuyer sur la notion de temps autorisé sur les écrans, car cela occasionne beaucoup d’énervement chez les adultes et un sentiment d’incompétence chez les jeunes qui ne parviennent souvent pas à respecter la durée imposée. Il propose de s’intéresser à ce que l’enfant ou le jeune veut faire sur les médias numériques pour l’aider à prendre conscience du temps que dure l’activité et de négocier son intégration en regard des autres occupations. Cette conférence très enrichissante peut être visionnée dans son intégralité sur www.lafontanelle.ch sous la rubrique « nous proposons aussi > vidéos des conférences »
Anne Kleiner
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