Et moi, et moi et moi
Chez les jeunes en difficulté que nous accueillons, l’égocentrisme croissant observé dans la société se traduit par une redoutable capacité à manipuler pour servir leurs besoins. Assez lucides par rapport à leur mal-être et dotés d’une intelligence relationnelle remarquable, ils développent d’impressionnantes stratégies pour que leurs proches et les professionnels de l’éducation qui les entourent les rassurent, les nourrissent affectivement et continuent à les porter. Cela entretient leur narcissisme et les enferme dans une spirale de besoins toujours plus difficiles à contenter. Ils disent ouvertement: « je ne veux pas grandir, ce statut d’adulte ne me fait pas envie, je suis bien ainsi ». Nous interprétons: « je suis trop bien dans mon cocon d’enfant où j’ai tellement d’attentions, ce monde adulte fait d’exigences me fait peur et je vais tout faire pour ne pas avoir à l’affronter, même si je dois être assisté, malade ou délinquant ». Dépités, les parents nous déclarent: « Je ne comprends pas, depuis que je le confronte un peu sur les responsabilités qu’il devrait assumer, il est devenu un martien, je ne reconnais plus mon enfant ».
Le mandat confié à La Fontanelle est de les sociabiliser, c’est-à-dire de les aider à trouver leur place dans la collectivité et d’améliorer leurs capacités à contribuer à son développement, ceci dans un contexte d’exigences et d’incertitudes croissantes. Cette mission est particulièrement complexe à mener car le jeune, habitué à être considéré comme un « trésor vivant », ne peut qu’être frustré et limité dans ses envies et ses besoins. Il souffre d’être destitué de son trône d’enfant roi et il peine à donner du sens à nos demandes visant à le préparer à intégrer un monde d’adultes peu désirable de son point de vue. Il se sent incompris, éprouve du stress et de l’angoisse. Pour soulager sa souffrance, il fuit dans des produits, se décharge à travers des comportements colériques ou reste tétanisé, incapable de faire ou dire quoi que ce soit, provoquant l’exaspération autour de lui.
Le défi consiste à le décentrer de son moi devenu obèse pour l’amener à s’ouvrir à l’autre et à entrer dans une coopération capable de le conquérir. Ce faisant, il accumule des expériences collaboratives gratifiantes qui le font grandir et le motivent à poursuivre. Il est déterminant d’obtenir son adhésion, sans quoi la prise en charge est vouée à l’échec. C’est une tâche difficile et nous travaillons dur pour proposer des prestations à la fois attractives et au haut potentiel éducatif. D’autres institutions se sont aussi adaptées à cette exigence et nous avons souhaité vous offrir un aperçu des différentes possibilités en allant à la rencontre de huit organisations qui proposent aussi des actions pour aider le jeune à se décentrer. Bonne lecture et belles découvertes.
Chez les jeunes en difficulté que nous accueillons, l’égocentrisme croissant observé dans la société se traduit par une redoutable capacité à manipuler pour servir leurs besoins. Assez lucides par rapport à leur mal-être et dotés d’une intelligence relationnelle remarquable, ils développent d’impressionnantes stratégies pour que leurs proches et les professionnels de l’éducation qui les entourent les rassurent, les nourrissent affectivement et continuent à les porter. Cela entretient leur narcissisme et les enferme dans une spirale de besoins toujours plus difficiles à contenter. Ils disent ouvertement: « je ne veux pas grandir, ce statut d’adulte ne me fait pas envie, je suis bien ainsi ». Nous interprétons: « je suis trop bien dans mon cocon d’enfant où j’ai tellement d’attentions, ce monde adulte fait d’exigences me fait peur et je vais tout faire pour ne pas avoir à l’affronter, même si je dois être assisté, malade ou délinquant ». Dépités, les parents nous déclarent: « Je ne comprends pas, depuis que je le confronte un peu sur les responsabilités qu’il devrait assumer, il est devenu un martien, je ne reconnais plus mon enfant ».
Le mandat confié à La Fontanelle est de les sociabiliser, c’est-à-dire de les aider à trouver leur place dans la collectivité et d’améliorer leurs capacités à contribuer à son développement, ceci dans un contexte d’exigences et d’incertitudes croissantes. Cette mission est particulièrement complexe à mener car le jeune, habitué à être considéré comme un « trésor vivant », ne peut qu’être frustré et limité dans ses envies et ses besoins. Il souffre d’être destitué de son trône d’enfant roi et il peine à donner du sens à nos demandes visant à le préparer à intégrer un monde d’adultes peu désirable de son point de vue. Il se sent incompris, éprouve du stress et de l’angoisse. Pour soulager sa souffrance, il fuit dans des produits, se décharge à travers des comportements colériques ou reste tétanisé, incapable de faire ou dire quoi que ce soit, provoquant l’exaspération autour de lui.
Le défi consiste à le décentrer de son moi devenu obèse pour l’amener à s’ouvrir à l’autre et à entrer dans une coopération capable de le conquérir. Ce faisant, il accumule des expériences collaboratives gratifiantes qui le font grandir et le motivent à poursuivre. Il est déterminant d’obtenir son adhésion, sans quoi la prise en charge est vouée à l’échec. C’est une tâche difficile et nous travaillons dur pour proposer des prestations à la fois attractives et au haut potentiel éducatif. D’autres institutions se sont aussi adaptées à cette exigence et nous avons souhaité vous offrir un aperçu des différentes possibilités en allant à la rencontre de huit organisations qui proposent aussi des actions pour aider le jeune à se décentrer. Bonne lecture et belles découvertes.
André Burgdorfer, directeur
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